Double chevron

En 1900, pour les vacances de Pâques, André Citroën rend visite à de la famille en Pologne et rencontre son beau-frère dont l’un des clients — petite firme mécanique — a mis au point un procédé d’engrenages aux dents taillées en V. À partir de modèles en bois, ces engrenages sont moulés dans des moules en sable et utilisés à moindre coût pour des minoteries et dans des usines de filature. André Citroën voit dans cette découverte le moyen de lancer sa carrière indépendante d’industriel et propose d’acheter la licence du procédé de fabrication à ce moment-là détenue par les Russes.

Cette conception technique innovante permet de transmettre des puissances importantes tout en ayant un fort rapport de réduction de l’arbre de sortie. Les engrenages à denture hélicoïdale contribuent à un contact prolongé des dents pendant l’engrenage et, qualité importante à l’époque, assurent un plus grand silence durant le fonctionnement par rapport aux engrenages à taille droite, grâce à un frottement plus faible. L’inconvénient est que cela induit des efforts axiaux importants dans les paliers. La double denture en chevrons offre entre eux un contact dans les deux sens, ce qui compense l’effort axial. Cependant, pour obtenir un tel fonctionnement, il est nécessaire que les dents soient parfaitement usinées. La petite firme polonaise ne peut se permettre une telle précision de fabrication, ni même d’ailleurs les grandes entreprises de fabrication en Europe. André Citroën se tourne alors vers l’Amérique, où les constructeurs de machines-outils ont une avance certaine. De retour en France, aidé financièrement par le banquier Bronislaus Goldfeder, il transpose l’idée avec des chevrons en acier et met au point, par ailleurs, une fraiseuse équipée d’un outil de coupe profilé capable de traverser le billot d’acier de part en part à un régime de 2 000 tr/min, atteignant ainsi la précision d’usinage requise.

C’est le début de l’une des plus grandes aventures industrielles des temps modernes. Avant de pouvoir réellement s’occuper de sa trouvaille et commencer la production du nouveau système, Citroën doit terminer sa dernière année d’étude à l’École polytechnique ainsi que ses années de service militaire, obligatoire à cette époque. Il passe ainsi deux ans dans le 31e régiment d’artillerie du Mans, avec le grade de sous-lieutenant.

 

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